Le groupe d’amis, une nouvelle marque d’identité
L’adolescent découvre au sein du groupe de copains (les « pairs ») de nouvelles réalités. Il y fait de nouvelles expériences, très importantes pour sa vie sociale future (famille, boulot, amis). Il adhère à ces groupes souvent très ritualisés, un peu comme on adhère à une religion, voire une secte. Ce qui n’est pas sans inquiéter les parents. La fidélité voire la soumission au groupe est très intense ! Cela n’est pas nécessairement inquiétant ! Bien au contraire, « la bande » permet de partager, loin des adultes, des « rites initiatiques », c’est-à-dire des actes qui marquent le passage vers l’âge adulte… pour autant que le groupe de copains ne se transforme pas en horde sauvage ni en bande délinquante !
Quand tout se passe bien, le groupe sert de nouvelle identité, commune à tous les membres de ce groupe, qui partageront les mêmes idéaux, les mêmes comportements, le même langage codé, la même musique, etc. L’ado y dépose sa quête d’idéaux, de force, de modèles, de croyances, de valeurs, dans lesquels chaque jeune du groupe peut se reconnaître. Le groupe fonctionne un peu comme un groupe de frères du même âge. Le jeune y exprime ses désirs en évitant d’en porter la responsabilité personnelle. Le groupe de pairs permet de «jouer» différents rôles (y compris les « mauvais rôles»), tout en se fondant dans l’identité uniforme du groupe. Les conflits intérieurs du jeune peuvent ainsi se vivre et se résoudre au sein du groupe, loin des adultes. Le groupe de pairs permet de soutenir et d’intégrer socialement l’adolescent en proie aux bouleversements qui le fragilisent. Il y développe ses capacités futures à établir des liens sociaux et amicaux.
Stop aux bandes marginales
Par contre, le groupe risque de devenir une entrave pour l’adolescent s’il n’arrive pas à s’en passer et se soumet entièrement aux « leaders » du groupe, en y perdant sa personnalité et son autonomie. Ainsi, certains groupes d’ados se mettent à fonctionner comme une secte, où chacun doit faire ce que décide le ou les « leaders » du groupe, sous peine d’être « puni » ou exclu. Les rites pour entrer dans ces groupes sont plus violents, parfois sexualisés, sans souci pour la souffrance de l’enfant qui veut y entrer. Ses membres veulent croire qu’ils n’ont pas besoin des adultes, tant qu’ils restent en groupe. Chacun d’entre eux le considère comme une sorte de Dieu ou de parent magique et tout-puissant, qui n’a pas à respecter les lois et les règles des autres.
Il arrive parfois que, pour maintenir la cohésion du groupe, l’un des enfants devienne le « bouc émissaire » que l’on peut martyriser et accuser de toutes les fautes des autres. Les adultes ont là à prendre position et à intervenir, pour rappeler aux ados que leur bande de copains n’est pas au-dessus des lois de la société qui protègent chacun de la violence des autres. Plus un ado est fragile, plus il aura tendance à s’en remettre à un groupe violent ou à une secte.
Un carrefour vers l’âge adulte
De manière générale, les membres de la bande sont donc un relais intermédiaire entre les parents dont il faut symboliquement s’éloigner et les futurs partenaires amoureux et sexuels. La prise de distance progressive par rapport au groupe peut être un moment délicat et douloureux. Cette distance est nécessaire à la poursuite du développement psychique et affectif et notamment à la découverte de la sexualité adulte et à la rencontre amoureuse. En effet, celle-ci ne peut pas se faire sans intimité et donc à l’abri du regard du groupe !