Résistance et démonstration de force
Il arrive que l’adolescent commette des actes dangereux, qu’il prenne des risques démesurés. Ce type de comportements, appelés « conduites à risques », ne peut pas être banalisé ou ignoré par les adultes, sans pour autant dramatiser la situation ou vouloir tout contrôler. Les conduites à risques sont des comportements qui, par leur nature, risquent de mettre en péril la vie ou l’intégrité physique de l’ado, sans qu’il ne veuille véritablement se donner la mort.
Tout ado a besoin de prendre des risques et de s’affronter à la mort. Il a besoin de rituels de passage pour quitter l’enfance et aller vers le monde des adultes. Dans nos sociétés, les adultes n’organisent plus de tels rituels en groupe. Ce sont donc les ados qui doivent les inventer, au risque de mettre la barre du danger très (trop) haut ! Alors que sa vie est clairement mise en danger, le jeune dénie le risque qu’il prend dans ce type de circonstances. Souvent, les conduites dangereuses se font en groupe, mais pas nécessairement, et peuvent au contraire se dérouler dans l’isolement sinon l’errance (fugue).
Pour l’appartenance à un groupe
Avec ses « pairs », l’adolescent cherche ces expériences dangereuses pour appartenir à un groupe et/ou pour accroître ou défendre son estime de soi. Exemples de conduites à risque : les sports extrêmes ; les rallyes en voiture ou moto, les accidents de la route ; les fugues ; les overdoses, les comas éthyliques répétés ; les relations sexuelles sans protection ; les jeux de roulette russe et du foulard (un jeu d’auto-strangulation qui se fait seul ou à plusieurs), etc.
Les courses en moto ou en voiture, les exploits sportifs, les concours de prise d’alcool, les relations sexuelles en groupe ou les actes délictueux prennent souvent cette signification. Beaucoup d’adolescents courent des risques en groupe en se sentant invincibles: « ensemble, rien ne peut nous arriver, ensemble, les différences, la mort, l’avenir n’existent pas ». On constate souvent une recherche de sensations extrêmes, qui devient comme une drogue et qui installe une dépendance à la conduite dangereuse. Du reste, la prise d’alcool et de drogues est fréquente : elle participe à la désinhibition et à la perte du sens de la dangerosité et permet de « ne plus se prendre la tête ».
Agir et définir des limites
Il faut prendre très au sérieux les conduites à risques, surtout lorsque l’adolescent présente des signes de fragilité. Il ne faut jamais sous-estimer les angoisses intenses vécues par l’adolescent au cours des conduites dangereuses ni l’impact traumatique qu’elles ont sur lui, au-delà de la banalisation et de l’excitation qu’il semble montrer.
En effet, ces conduites dangereuses ont de nombreux points communs avec ce qu’on observe chez les adolescents qui tentent de se suicider. Or les adultes ne se rendent pas toujours compte du danger encouru par leurs enfants ! Les parents doivent prendre position, énoncer des limites sur ce qu’ils pensent dangereux et inacceptable ! Cela n’empêchera pas nécessairement de prendre des risques en leur absence, mais ces limites soutiendront l’ado pour qu’il puisse, suffisamment à temps, se dire : « au-delà de cette limite de danger-là, je n’irai pas, même si mes copains m’y poussent et me traitent de trouillard ! ».